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26 Mar 2013
Malgré une méfiance instinctive pour tout ce qui relève du collectif, je suis de plus en plus sensible au pouvoir d'évocation qu'ont certaines chansons de geste, ou tout simplement des hymnes nationaux ou révolutionnaires. Je crois que le phénomène a quelques adeptes vu la publicité impressionnante qu'implique le passage des chœurs de l'Armée rouge à Lyon (qui a la cote chez certains people), quand ce n'est pas une certaine tradition estudiantine qui se charge de la transmission. Bien sûr, dans une société atomisée où chacun transporte son patrimoine musical sur son iPhone, l'intérêt propre d'un chant a quasiment disparu.

Ils témoignent d'une époque où l'on chantait encore, comme le montre le début du film de René Clair, Sous les toits de Paris : http://www.youtube.com/watch?v=zf4wUmBM6gk...player_embedded (l'attroupement a des "feuilles volantes" avec paroles et mélodie)

Époque dont Céline confie le souvenir à Pierre Dumayet dans un entretien :

QUOTE
« Et puis nous avions des chansons, chose assez curieuse. On peut dire que j'ai assisté à la fin des chansons. Au début, avant la guerre, chaque fois qu'il entrait un arpète ou une midinette (comme elle s'appelait) au début du passage, elle commençait à chanter. Et puis, après 14, on n'a plus chanté dans le passage. C'est un signe des temps. C'est tout ce qu'on avait comme distraction, c'est la chanson des petits apprentis. Et puis des midinettes. Cette époque... »


Céline était d'ailleurs un grand admirateur de l'opéra-bouffe d'Offenbach.



Je n'ai aucune science supplémentaire à communiquer sur ce sujet, que je n'ai jamais approfondi. J'ai simplement remarqué le génie intuitif qui permet à des camps totalement différents de reprendre des mélodies pour glorifier une cause inverse. La profusion des versions de "Henry IV" est éloquente : avant d'être un hymne de la Restauration des versions révolutionnaires célébraient la pendaison des aristocrates et la gloire promise à la fédération. Il existe des chants de toute sorte : œuvres populaires, créations de la cour, chansons de corps de garde...

Après, je ne vais pas défendre en esthète convaincu les qualités intrinsèques de ces chants, et je comprend qu'on s'en détourne pour leur aspect rude, simple, et daté. Je sais bien que les mélomanes du site connaissent d'autres trésors que des chants qui, dépouillé de l'aura qu'on veut bien leur trouver, se révèlent souvent nus.

Mais reprenons : une même chanson peut également résonner différemment selon un contexte. La Marseillaise est un bon exemple (et elle est connue de tous). Certains en réclament la réécriture parce qu'il semble impardonnable aujourd'hui de mentionner l'existence d'un "sang impur" (il ne faut vraiment avoir rien compris des paroles pour y voir de la xénophobie mais passons), oubliant tout ce que chant a pu avoir d'émancipateur ou de populacier. Les russes n'ont pas oublié pas la teneur populaire de ce chant, et c'est sans doute à ce titre que le passeur de Tarkovski l'entend au début du film.

La première fois que j'ai vibré en entendant la Marseillaise, c'est en regardant La grande illusion : http://www.youtube.com/watch?v=wVX3NXAAUrM

Contexte de la guerre 14-18 : Dans un camps de prisonniers allemand, les français déconfits sont réduits à se travestir et à faire le cabaret pour leurs vainqueurs, jusqu'à ce que Jean Gabin annonce à l'assemblée que Douaumont a été repris aux allemands. Le travesti arrache aussitôt sa perruque, redevient un homme, et l'espoir revenu, entonnent avec ses compagnons la Marseillaise, de nouveau orgueilleux. L'effet est terrible et Jean Gabin finira logiquement au trou pour expier cet excès d'enthousiasme.

Pour faire contre-poids, j'ajoute la fin des Sentiers de la gloire, avec la jeune allemande qui émeut les soldats français avec une chanson folklorique boche : http://www.youtube.com/watch?v=0jvmvJ0TkKo

Bien sûr, aviser ces chants avec une curiosité d'"historien" en renforce l'intérêt, c'est pour cela que j'ai illustré mon exemple sur des contextes différents.
Le charme désuet des vieux chansonniers, loin des préoccupations militaires ou politiques, me plait beaucoup également. Je les confonds volontiers dans mes play-list.

Quelques classiques, sans souci de cohérence :

http://www.youtube.com/watch?v=Cydzolb0eIs...feature=related (Katioucha)
http://www.youtube.com/watch?v=3o8zbKzo7V4 (The Red Army is the Strongest, tout est dans le titre)
http://www.youtube.com/watch?v=Q6dAV5kB9CY (La Carmagnole)
http://www.youtube.com/watch?v=CU84hLf7snw (La Ravachole, reprise de la précédente)
http://www.youtube.com/watch?v=At1-Zqrzrw4 (version du Henry IV à la fois révolutionnaire ET royaliste)
http://www.youtube.com/watch?v=4h7twPl78Do (chant vendéen royaliste)
http://www.youtube.com/watch?v=g7qx5oYdOEA (Demain à l'aube, un chant des chrétiens du Liban)
http://www.youtube.com/watch?v=bwZDyS8PD2A (Verdun, on ne passe pas !)
http://www.youtube.com/watch?v=VMgb_i6DRGU (La Blanche Hermine, pour les autonomistes bretons...)
http://www.youtube.com/watch?v=m19qF7caidI (Les deux gendarmes de Gustave Nadaud, datant du Second empire)

J'avoue mon inculture complète concernant les chants paillards, je ne dois pas fréquenter assez de faluchards !
4 Mar 2010


"Quand on est dans la merde jusqu'au cou, il ne reste plus qu'à chanter." Beckett


Informer c'est déjà vendre un peu quoi qu'on en dise. A la prime citation d'un simple produit ou de son triste auteur ce sont des copies écoulées, c'est la rançon à payer quand on vient nier une œuvre. Ou plutôt : quand on la remet là où on la situe naturellement, dans l'horreur gaspillée, l'aveu d'impuissance du copiste qui vieillit en même temps que son mimétisme, et s'éloigne toujours plus de l'art...

Pelican, c'est une sale affaire dont il faut causer, parce qu'il ne se sent pas agoniser, il est déjà tristement insensible, désolidarisé de son influence tellement il a dans la gueule l'influence des autres... Son impuissance, c'est le mou remous de sa nouille qui ne bande plus qu'aux injections du talent des autres. Il pourrait être poli, se branler dans son coin et distiller son extase naïve dans des petites gouttelettes stériles, dilapidées-là sur les steppes sableuses qu'il foule maladroitement. Il a la jouissance aride, ce qu'il enfante crève de chaud sitôt expédié du réservoir qu'il a gros dans la gorge, le Pelican. Il a sucé de son orifice horrible tant de modèles célestes qu'il ne peut que freiner sous ses kilos en trop coupables, s'enfoncer dans les sables mouvants et s'y figer avant de disparaître. L'ennui c'est qu'il persiste et signe en 2009 son petit retour qui n'est même pas un crash terrible dont le vacarme assourdissant gênerait ses détracteurs, mais à peine un ricochet de plus avant la noyade. Le regard terne de ses pochettes grisâtres ou abyssales a repris le carminé ardent des premiers jets fameux, ses vertes années rougeoyantes. Le graphiste a eu l'inspiration de laisser la flotte, qu'on n'oublie pas dans quel égout le pélican barbote indolemment. Qui viendra cartonner un si gauche canard ? Il ne mérite même pas d'être haï, il faut s'en moquer et tirer la chasse, le laisser couler sous la bonde de l'ennui.

La signature sur Southern Lord et la participation du nouveau mécène Anderson au disque qui va le régaler de dollars n'est que de la publicité, certainement pas un régime. Le produit s'est lui-même vidé de toute substance, n'étant grossi que de matières superfétatoires, au point qu'il en est ringard avant même sa sortie matérielle, on connait déjà la chanson adipeuse. On n'est même pas surpris d'entendre des minauderies sur "Last Breath" (si seulement !) tant ce chant ridicule a honte de lui et de sa proximité avec ces harmonies mielleuses... La saveur suave ne décrasse pas la gorge saturée des débris des autres, elle les coule dans une nouvelle structure si indigente que Giacometti applaudirait le rachitisme de ce filtrat inutile. Pelican invente le poids-lourd allégé, le contenant qui ne demande qu'à exploser d'air comme un ballon ignoblement boursouflé. Le batteur ne fait même plus rire de sa nullité avérée, on le prendrait presque en pitié, qui peut en vouloir à ce pauvre diable de laisser filer entre ses baguettes des mélodies aussi périmées ? Il transpire l'honnêteté à l'insu de ses propres pauvres efforts rythmiques.

Pelican n'attend plus que l'aval du musée Grévin pour mettre un point d'orgue à sa subtile harmonie du désenchantement. Il est déjà sa propre caricature, statufié dans sa stérilité de mime pas drôle. Les disques passent comme le vent, ce n'est pas Pelican qui avance mais le temps qui le recale à chaque nouveau disque merdique. Ce n'est plus Grévin qu'il faut supplier pour qu'il nous range le Pelican loin de la voie publique, mais le musée des horreurs...

Pelican, l'ex-dinosaure qui réfute l'ère glaciaire qui lui a balayé son avenir. L'occasion peut-être d'esquiver ce colosse encombrant pour revenir à ses deux premiers efforts, imprimés comme le passage énorme d'un mastodonte d'une ère géologique antédiluvienne. Le reste c'est de la ritournelle de plus en plus décatie, du papier de verre devenu paillettes, du tellurique qui veut décoller en sphères post-rock et s'effrite dans la stratosphère de l'ennui, une fine poudre dans les yeux et un gros caillou dans la chaussure, un pavé dans des flaques d'eau, de la daube préhistorique qui n'a gardé du caillou rugueux de ses origines qu'une surface plane et lisse, une pauvre substance caillée à tailler en cire dans les tympans déjà obstrués d'ordures fossilisées et qui s'érode avec elles jusqu'à devenir un nouveau style, la post-muzak minérale. Ce dont nous avons tous besoin maintenant, c'est de laisser la nature absorber cet étron, que ça fermente un peu, car aucune récolte ne pouvant être moins personnelle il faut laisser les autres recycler Pelican. Il faut que ça transite, que ça se digère. Ce qui en sortira héritera probablement d'une sale gueule, mais peut-être qu'elle fera rire. Ce texte ne demande pas mieux.
5 Aug 2008
Nouveau : la chronique avec de l'écume qui déborde de partout.




Pyramids, st/t.

Bon bah voilà la nouvelle hype, tout droit sorti de l'écurie Hydra Head. Vous savez, les ricains qui se veulent barbus comme des bûcherons hardcore et repassent depuis 2 ans les mêmes sucreries postdronishoegachiante. Les plus tantes des hippies, rasés de près, qui sont tout content de promouvoir les mêmes niaiseries sous couvert d'une branchitude aussi aigüe qu'ambigüe, comme l'en témoigne l'étrange assemblage de leur catalogue, entre le faux black emo de Xasthur et les derniers roucoulements sirupeux d'un Pelican en perte de vitesse. Alors pour créer la nouvelle sensation, ils nous ont dégotés la nouvelle manne du forumer : Pyramids. Alors de quoi ça nous parle cette affaire là ? Bof, prenons la shoegaze éthérée (qui a dit éculée ?) de Jesu, la BAR insupportable d'un Xasthur, les mélodies mou du genou post-truc et les chants clairs dégueu' (qui à parlé d'Isis ?), mettons des samples pour le coté torturé (ahem) de la musique, et ça vous donne un truc plutôt bien gaulé sur papier dirait certains ; si si, je vous vois vous au fond, trépignant, tout émoustillé, en syncopes, polka... Et puis ça brasse bien tout le magasin du label...

Mais c'est pas les nouveaux messies, hélas ! Ils ont bien essayés. Le cocktail est audacieux, un peu trop, il me reste sur l'estomac, je présage l'affreuse migraine. Certains cause que My Bloody Valentine coïterait ici avec le schwartz talmé ? Mais ! Foutaises ! Il n'y a rien de black metal dedans, la noirceur invétéré de ce genre ne se résume pas à quelques ersatz de borborygmes, pseudo-gémissements moribond et délétères, ce n'est pas quelques sons un peu déglingués ou une boite à rythme bloqué sur la vitesse maximale, ils s'y sont cru les Texans de Pyramids, mais ils ont tout faux. On esquisse quelques comparaisons avec le post-rock, la shoegaze, ces influences tellement défigurés aujourd'hui... Elles sont plutôt pertinentes. Mais alors en mou, en bâtard, plus sali qu'autre choses par les ambitions malsaines du combo pour créer la sensation. Finalement, malgré tout les essais, timides, de ce groupe, ils en ressortent parfaitement moulés au carcan Hydra Head... Mais le gâchis fait plus mal qu'un 5ive un peu pataud aujourd'hui, lui aussi trop gentil, car il faut l'avouer, il y avait de l'idée. Mais on fait pas de la musique sur des idées, n'est ce pas ?

C'est que pour la crédibilité ils ont trimés, là c'est net, plus que sur leurs compos... Un deuxième CD vient combler le vide laissé par 31 (longues) minutes d'un album inintéressant en nous proposant des remix d'artistes plus intéressants. Un prétexte comme un autre pour afficher l'éclectisme de Pyramids. Stop ! N'en jetez plus ! Pourtant la parité est bien intrigante... Toby Driver (Kayo Dot), Ted Parsons (Swans / Godflesh), Colin Marston (Behold... The Arctopus), James Plotkin (Khanate / Khlyst), Loveliescrushing, Birchville Cat Motel, Vindsval de Blut Aus Nord... Ce dernier fournissant le remix le mieux loti de tous, car à des lieux de l'original. Il fait du Blut Aus Nord, et il a raison. Sinon, Jesu fait de la grosse merde, normal. Mais cela dit, ces deux groupes étaient tout trouvé : Pyramids ressemble à la sève lasse et infertile du second mêlé au pendant autiste du premier. Le reste des remix oscille entre le correct et le juste bon, autant dire que pour les invités de marque que ce disque rassemble ça reste très décevant.
Ah oui, et bien sûr, l'artwork (joli tout de même) est signé Aaron Turner, histoire de bien normaliser une bonne fois pour toute ce groupe... Qu'on l'oublie mieux... et vite... Non mais.
5 Aug 2008
Chronique sans prétentions, écrite mi-pour rigoler mi-pour tuer l'ennui. Si vous connaissez pas déjà ce groupe je vous recommande chaudement l'EP et cet album !



Suffocate for fuck Sake, Blazing fires and helicopters on the frontpage of the newspaper. There´s a war going on and I´m marching in heavy boots.


Légèreté... L'oiseau décolle, grandes ailes déployés comme embrassant le firmament... Le zénith enflamme ses ailes, céleste, la buse est repartit, c'est une étoile filante... La grâce même, en éruption magmatique, tout l'or des volcans... Mais voilà qu'il bat de l'aile ! Son ombre au sol devient mauvaise... Le souffle de la flamme, trop intense... C'est un rotor ! Un hélicoptère. Et le feu, c'est vos maisons qui brûle sous ses colis. Lourdeur.

Les suédois de Suffocate for fuck sake sont intraitables... Des cerbères, bras droit d'Hadès ! Au moins. Je l'ai guetté, ce feu des Enfers, le sournois qui embraserai tout dans le génie, une fusion chimique du feu avec le feu, un paroxysme sans précédents... Le Big Bang, quoi. Et bien je vous dis tout de go, on y est presque.

Les suédois de Suffocate for fuck sake font de mauvais ennemis, pas de confiance. Ça vous lorgne, vous épie, puis vous tape dans le dos... C'est conciliant, presque sensuel, on peut percevoir le coup foireux. Et sitôt qu'il vous renvoie à votre inutilité, voilà qu'il sort la main de la poche de son imper -vous saisissez l'éclat du fer de l'arme la fraction d'une seconde mais c'est tout - et bang, votre cerveau se répand comme une confiture trop grasse.

Les suédois de Suffocate for fuck sake sont méthodique, patient, méticuleux !... Ils pourraient, soyons honnête, envoyer voler toute prudence et vous débusquer de votre routine emmerdante en un éclair, et vous envoyez ad patres. Ce serait clair au moins, mais ! Non. Ils ont le sang froid là-bas, pas penauds tout péteux en nage comme ces Français aigri, prétentieux, irritables... Ils ont leur science.

Les suédois de Suffocate for fuck sake ont une démarche, pour "perdre le contrôle d'eux-même". Ah vous frémissez ! Vous prévoyez déjà la transe hardcore sludgy ascendant pachydermique, l'aliénation hallucinante à la Born Again, ou l'écrasement perpétuel d'un Nihiliste(s)... L'ambition est tout autre, ici il faut couper les ponts, rompre les liens, partir et ne rien laisser. Le programme requiert des bases solides, un investissement sans limite. Blazing fires and helicopters on the frontpage of the newspaper. There´s a war going on and I´m marching in heavy boots est un des albums les plus ambitieux qu'il m'ai été donné de rencontrer cette année, et ses perspectives hors-norme, à l'image du titre de l'album, se sont ici presque dessinés parfaitement. Brisons les conventions : il n'est pas ici question de post-rock... screamo... post-hardcore... indie... Et pourtant... On a rejoins tout ça ici dans de longues ondées menaçantes. Vous connaissez la Suède, on y a appris à condenser, notamment avec Ikéa (je prend un exemple probant). Ici je le répète ! On sort de tout carcans. Les 67 minutes du disque ne sont que longues pauses contemplatives, entre deux carnages militaires. Viscéral ! Les "spoken word", en VO ici, n'espérez pas y comprendre grand-chose petit bilingue, mais leur force demeure vive, on passe la barrière de la langue ! Derrière les riffs ternaires tissent, s'épanchent, sans tomber dans la niaiserie d'Envy ; ici on suit la grâce d'une voix qui murmure, des notes qui brillent de plus en plus, jusqu'à ce que le couperet tombe, de manière chirurgicale, QUAND il le faut. We are driving through darkness est éloquente à ce sujet : la violence n'a rien d'artificiel. On hurle sous les déploiement incendiaires du combo, comme on nagerait dans la tourmente post-hardcore d'un Breach. Tout pète et nous, on danse. Après l'explosion sonique du début, le morceau se targue même de finir en des eaux plus post-core, avant un virage final acoustique et indiesant ! Tout aussi insidieuse, Empty vous écrase comme la "boot" que prédisait Orwell dans son chef-d'œuvre, après une petite accalmie passagère. En attendant de pleurer à nouveau, quand on reprendra nos esprits, que les survivants communieront, et qu'on enterrera nos morts. Récréations pour hurler, reprise des cours pour s'épanouir en silence, studieusement.

Les suédois de Suffocate for fuck sake vous paraissent encore un brin inoffensif ? Vous êtes blasé de la ronde post-core, secteur ultrabalisé, foutu, qu'on a pillé sans vergogne, rongé l'os jusqu'à qu'il en reste plus rien !... C'est qu'ils ont du talent à la pelle. Les passages plus direct et mélodique qui surviennent quelques fois apportent encore de variété à un disque de nuance, en témoigne l'intro mélodramatique d'A Japanese Flag, phrases susurrées sur percussions et riffs abrasifs, tout comme ces chants clair intermittent, voix de jeune fille en fleur et de son beau naïf, parfaitement apaisants. Le repos du guerrier. Pourtant, même là, on n'est jamais loin de la dépression. C'est la guerre mon pote ! Oublie pas ! On ne rigole pas avec ces choses là. Mais que ce soit bien clair : ils ne tapent pas dans le post-rock réchauffé, anonyme, générique dirais-je... J'en tiens pour compte la superbe mélodie cyclique d'I keep my eyes on the ground, afraid of meeting someone I know. Et les spoken word ne sont pas ici secondaire comme chez les Japonais cités plus haut. Ils sont même ici le corps de la musique, ils concentrent toute la folie latente de compositions qui attendent d'exploser en chœur. C'est le nerfs le plus vif du groupe, et il faudra apprendre à s'y faire.

Les suédois de Suffocate for fuck sake n'ont pas eu peur d'être trop pompeux, d'user trop l'auditeur, il sait qu'il a raison, que les aliénés vaincront du joug de la colère. La purge, c'est ce disque, voilà tout. Alors hype, arty, intello, trop lourd, maladroit... Par a coups, sans doute ! Mais le long fil se déroule, le fil conducteur d'un disque qui fonce droit dans le mur en signant la vrille parfaite, le saut de l'Ange dans la lave, la cascade qui va ravir le tout Hollywood. Tu montes ?
5 Apr 2008


Mogwai, Young Team.

1997, l'année qui a vu se lever deux des plus grands groupe de l'histoire du post-rock. Deux blocs aux couleurs sombres formé de silences gênants et d'autant d'envolés psychédéliques que de chute amère dans le bruit le plus tumultueux. Deux visions différentes et complémentaires des arcanes les plus mélancoliques d'un genre qui sembla dès lors voué à propager l'amertume. C'est que ces deux pierres angulaires du style sont à des lieux des ritournelles d'enfants gâtés de Explosions in the Sky. Je parle d'abord de f#a#∞ signé Godspeed You! Black Emperor. Et de ce Young Team. Si l'un est hanté par les orchestrations les plus symphoniques, le second est brutalement rock. Chez les écossais donc, c'est la basse qui tranche, les guitares qui sifflent et la frappe d'une batterie qui semble échapper au marasme ambiant et contagieux qu'un piano déprimé amène dans ses esgourdes. Et il y a ses samples, discussions placés en toile de fond, mystérieuses. L'ambiance est urbaine, et maladive, on erre dans des rues ternes sous un ciel grisâtre, et oui, nous sommes loin de la maison. A attendre seul l'orage qui viendra animer notre ennui. Lui il arrive Like Herod, en grandes pompes pour mieux nous martyriser hors de ce calme pesant de coups de tonnerres écrasants. Puis la fureur des guitares se lasse et le beau temps revient, mais c'est un Summer souffreteux qui s'offre à nous et contamine à son tour. La basse danse et l'hypnose reprend. Et on est happé par cette musique léthargique, qui semble aller nulle part, qui s'engourdit dans le martèlement de ses mélodies tandis qu'on s'enfoncent progressivement dans ces tristes mélopées. Ainsi R U Still In 2 It pourrait faire office de ballades soupiré pour un amour perdu, plus fragile encore que le reste. Et on se laisse balloter, au vent, à la tristesse qui nous tient, aux variations langoureuses des thèmes de cette musique, qui redevient chaotique (With Portfolio), qui culminent au bout du chemin dans une longue tirade épique, qui nous laissera à bout de souffle à coup sûr. Vous reconnaissez ce malaise ? C'est que sur le fond f#a#∞ et Young Team, albums phares se recoupent totalement. Pourtant, ils se tiennent tout deux avachis de différentes manières, avec deux allures uniques qui cristallise leur malheur. Et Mogwai refuse l'abattement contemplatif. L'animal sait sortir les crocs sans même qu'on le mouille, et sait s'accrocher à sa dynamique et à sa spontanéité rock étourdissante. Elle veille pour sauver ses partitions les plus désolés lorsque l'hypotension menace. Alors si les Québécois et leurs penchants névrosés pour les airs solennels et dramatiques vous ont fatigués, venez sous le ciel gris de Glasgow, vous y verrez qu'ils ont pas que le scotch whisky pour diluer leurs malheurs...

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